La condition d’avoir un emploi, dans notre pays, se conjugue avec un salaire en moyenne peu différent du salaire européen : seuls 146 euros (5,6%) séparent le salaire brut mensuel français de celui des pays européens (respectivement 2 435 euros en France et 2 581 euros dans la moyenne européenne). Les données commentées ici sont celles de l’enquête sur la structure des salaires (Eurostat 2018)[1].
Cette enquête présente la limite de ne pas couvrir l’ensemble des actifs occupés puisqu’elle exclut le secteur agricole, les entreprises de moins de 10 salariés[2] et l’ensemble des salariés de l’administration publique[3]. Cependant, elle a l’avantage de permettre une comparaison significative entre les salaires de différents pays, en tenant compte des différences de coût de la vie dans chaque pays, car les montants sont calculés à parité de pouvoir d’achat.
Dans 15 des 27 pays européens, les salaires sont inférieurs à ceux de la France, tandis que dans les 11 pays restants, ils sont supérieurs. Pour l’ensemble des salariés, travailler au Luxembourg, au Danemark et en Allemagne signifie gagner trois fois plus qu’en Bulgarie, en Lituanie et au Portugal, mais les différences sont plus ou moins marquées selon le sexe, l’âge et le niveau d’études des salariés.
Différences entre les sexes
C’est au Luxembourg que la composante masculine perçoit le salaire le plus élevé (3 625 euros), suivi du Danemark (3 479) puis de l’Allemagne (3 461) ; la France se situe en milieu de classement (2 620), juste en dessous de la moyenne européenne (2 818), et la Bulgarie ferme la marche (1 256). Pour la composante féminine, la Belgique (2.778) remplace l’Allemagne (2.765) à la troisième place du classement, mais en haut on trouve toujours le Luxembourg (3.497) et en bas on trouve toujours la Bulgarie (1.078) ; même la position de notre pays ne change pas par rapport à la moyenne européenne : 2.201 contre 2.321 euros respectivement.
Les femmes gagnent moins que les hommes dans tous les pays ; la différence la plus faible se trouve en Roumanie (2,8 %), au Luxembourg (3,5 %) et en Belgique (9,7 %), tandis qu’elle atteint son maximum en Estonie (22,9 %), en Autriche (22,4 %) et en Slovaquie (22,1 %). La moyenne européenne se situe à 17,6 %, et la valeur baisse légèrement dans notre pays (16,0 %).
Quel pays offre le salaire le plus élevé aux jeunes ?
Pour les jeunes de moins de 30 ans, les salaires sont beaucoup plus bas, mais le classement de notre pays reste inchangé, toujours en dessous de la moyenne comme pour l’ensemble des salariés de tous âges. Un jeune français gagne en moyenne 1 854 euros par mois (1 914 pour un homme ; 1 756 pour une femme), alors que la moyenne européenne est de 1 946 euros (1 998 pour un homme ; 1 886 pour une femme). Le pays qui verse le salaire le plus bas est le Portugal, tant pour les hommes que pour les femmes (1 054 euros ; 1 068 pour les hommes ; 1 039 pour les femmes).
Le pays qui verse le salaire le plus élevé aux jeunes hommes est la Suède (2 372 euros), tandis que pour la composante féminine, c’est le Luxembourg (2 531 euros). Il convient de noter qu’au Luxembourg, l’écart de rémunération entre les jeunes et les hommes est inversé, cas unique en Europe : -7,6 % en faveur des femmes. En France, l’écart de rémunération entre les jeunes et les hommes est de 8,3 %, soit un peu plus que la moyenne européenne (5,6 %).
Quel pays offre le salaire le plus élevé aux plus de 50 ans ?
Même pour les plus de 50 ans, le classement de notre pays reste inchangé, juste en dessous de la moyenne : un français de plus de 50 ans gagne en moyenne 2 737 euros par mois (3 043 pour les hommes ; 2 384 pour les femmes), contre une moyenne européenne de 2 896 euros (3 254 pour les hommes ; 2 510 pour les femmes). Le pays qui verse le salaire le plus bas pour les deux sexes est la Bulgarie (1 053 euros ; 1 095 pour les hommes ; 1 012 pour les femmes).
Le pays qui verse le salaire le plus élevé aux plus de 50 ans, hommes et femmes confondus, est le Luxembourg (4 446 euros pour les hommes et 3 947 euros pour les femmes), avec un écart de rémunération de 11,2 %. En France, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes de plus de 50 ans est de 21,7 %, soit un peu moins que la moyenne européenne (22,9 %).
Quel pays offre la meilleure rémunération aux diplômés ?
Le classement de notre pays par rapport à la moyenne européenne change considérablement en fonction du niveau d’études des salariés. En effet, la France détériore sa position dans le classement pour les diplômés, et encore plus pour les femmes diplômées, mais l’améliore pour les diplômés, et surtout pour les employés sans diplôme des deux sexes.
En fait, le salaire des employés français sans diplôme est supérieur, et non inférieur, à la moyenne européenne (2 125 contre 1 998 pour les hommes et 1 774 contre 1 674 pour les femmes, respectivement). Il en va de même pour les hommes diplômés (2 538 en France contre 2 461 pour la moyenne européenne), tandis que les femmes diplômées se situent au même niveau que la moyenne européenne (2 107 contre 2 108). Ce n’est que pour les diplômés français, hommes et femmes confondus, que le salaire national est nettement inférieur à la moyenne européenne (3 653 contre 3 981 pour les hommes et 2 593 contre 2 888 pour les femmes respectivement), soit une réduction de 10 % pour les diplômées et de 8 % pour les diplômés.
Le pays où les femmes diplômées ont le salaire le plus élevé est le Luxembourg (4 575 euros par mois), suivi de l’Allemagne (4 060) puis de la Belgique (3 609) ; pour les diplômés, l’Allemagne occupe la première place (5 196), suivie du Luxembourg (5 164) puis du Danemark (4 316). La Bulgarie et la Lituanie se situent en bas de la liste pour les diplômés des deux sexes (respectivement 1 441 pour les diplômées et 2 034 pour les diplômés en Bulgarie, et 1 649 pour les diplômées et 2 142 pour les diplômés en Lituanie).
Plus le diplôme est élevé, plus la différence de rémunération entre les hommes et les femmes augmente : pour les diplômées françaises, elle atteint 29 %, dépassant la moyenne européenne de 27,5 %. Il convient de noter que les deux pays où les femmes diplômées perçoivent les salaires les plus élevés (Luxembourg et Belgique) sont également ceux où la différence entre les sexes est la plus faible ; en Allemagne, la disparité s’accroît (21,9 %), mais reste bien inférieure à celle observée en France.
Dans quel pays la prime de diplôme est-elle plus élevée ?
En calculant la différence entre le salaire des diplômés universitaires et celui des diplômés, en pourcentage du salaire des diplômés, nous pouvons voir dans quel pays l’obtention d’un diplôme universitaire entraîne la plus forte augmentation de salaire.
La première place revient sans conteste à la Roumanie, où le salaire d’un employé titulaire d’un diplôme universitaire est plus de deux fois supérieur à celui d’un diplômé (114 % de plus). En France, la prime est nettement inférieure à la moyenne européenne (30 % contre 48 %), mais elle reste plus élevée qu’en Suède (24 %), à Malte (29 %) et au Danemark (29 %), qui occupent les dernières places du classement.
La composante féminine est presque toujours inférieure à la composante masculine, mais dans certains pays, c’est le contraire qui se produit (Malte, Estonie, Chypre, Espagne et Portugal). Les diplômées françaises occupent la dernière place : dans aucun autre pays, l’augmentation de salaire par rapport aux diplômées n’est aussi faible (23 %) ; pour la composante masculine, en revanche, la prime double (44 %), ce qui permet aux diplômés français de se hisser à la 21e place du classement.
Ce faible écart de rémunération entre les diplômés et les titulaires de diplômes dans notre pays explique, du moins en partie, pourquoi la France a le plus faible pourcentage de diplômés parmi les 38 pays de l’OCDE.